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Un Etat palestinien est vital pour Israël

LE MONDE | 21.09.2011 à 13h39 • Mis à jour le 21.09.2011 à 16h41

Par Ofer Bronchtein, Daniel Cohn-Bendit, Samuel Goldstein et Bernard Kouchner

Mirage diplomatique et unilatéralisme contre-productif pour les uns ; ultime moyen de pression sur un gouvernement israélien jugé trop intransigeant pour les autres ; utilité d’engager une épreuve de force à l’ONU pour la reconnaissance d’un Etat palestinien divise.

Pour autant, sans présumer de la pertinence des positions des uns et des autres et du contenu des débats qui s’ouvrent à l’ONU, il nous paraît désormais – à l’instar de nombreux intellectuels et personnalités israéliens – qu’il n’a jamais été aussi vital pour Israël « d’ouvrir grands les bras à l’Etat palestinien ». Vital d’abord parce que les « printemps arabes », bien que fragiles, modifient les équilibres de la région hérités de la décolonisation. Une vieille élite autoritaire tend à céder la place à une nouvelle génération éprise de liberté et revendiquant la démocratie.

Cette émergence constitue, d’une part, pour la démocratie qu’est Israël une opportunité historique d’ouvrir de nouvelles relations avec des voisins dont les prochains dirigeants devraient être dotés d’une culture politique plus proche de la sienne et ne seront plus issus des générations modelées par les conflits qui se sont succédé depuis 1948. La reconnaissance d’un Etat palestinien par Israël, qui serait suivie par des négociations entre les parties afin de délimiter les frontières entre les deux Etats, ouvrirait la voie à la paix et à la reconnaissance d’Israël par les pays arabes et musulmans.

Mais cette nouvelle donne dans le monde arabe sonne, d’autre part, et soyons francs, comme la fin programmée de la bienveillance dont Israël bénéficiait jusqu’alors auprès de nombre de ses soutiens occidentaux, du fait du contraste affiché avec les dictatures de ses voisins arabes. L’empathie dont a pu bénéficier Israël pourrait s’amenuiser. Vital ensuite parce que la possibilité d’établir un Etat palestinien viable n’a jamais été aussi tangible.

Absence de perspective

Soutenue par l’Union européenne qui a rappelé à l’unanimité en décembre 2009 son ferme soutien à la création d’un Etat palestinien, la stratégie de construction des institutions d’un Etat moderne, lancée ces dernières années par l’Autorité palestinienne, connaît un véritable succès. La Banque mondiale et le Fonds monétaire international estiment que l’Autorité palestinienne dispose d’institutions dignes de celles d’un Etat à part entière, tandis que les diplomates occidentaux constatent qu’il existe plus d’Etat en Palestine – l’Etat dans ses grandes fonctions régaliennes, gouvernance, budget, sécurité – que dans bien des Etats constitués dans le monde.

Comment d’ailleurs ne pas faire le parallèle entre l’Autorité palestinienne d’aujourd’hui et le Yichouv – la communauté juive de Palestine – d’avant la création de l’Etat d’Israël, qui disposait déjà de ses organes gouvernementaux et n’attendait qu’une reconnaissance internationale pour exister en tant qu’Etat ? Le monde juif ne peut qu’accueillir une aspiration si semblable à celle qui a prévalu à la création de l’Etat d’Israël.

Mais l’absence de perspective politique fragilise le travail effectué par l’Autorité palestinienne et risque de le réduire à néant à mesure que la désespérance regagne du terrain parmi la population palestinienne. Et cette exaspération pourrait d’ailleurs aller croissant lorsque les « printemps arabes » verront à l’inverse leurs acquis consolidés.

Vital enfin à l’heure où Israël connaît un mouvement social sans précédent dans son histoire, et qui remet en cause les équilibres économiques et sociaux établis de longue date dans un pays dont les dépenses de défense représentent 8 % du PIB. Nul doute qu’une paix avec les Palestiniens constitue l’un des moteurs de la croissance de demain et d’un modèle social plus performant. En tout cela, la nécessité de créer un Etat palestinien n’a jamais été aussi impérieuse ; cette création est non seulement vitale pour la pérennité de l’Etat d’Israël, mais également conforme à ses principes fondateurs.