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Une escorte palestinienne pour un soldat israélien oublié en Cisjordanie

Par AUDE MARCOVITCH (à Jérusalem) Liberation

Coincé à quelques kilomètres de la ligne verte et depuis quelques années isolé par le mur de séparation qui court le long de la Cisjordanie, le village palestinien de Budrus est régulièrement le théâtre de manifestations confrontant jeunes du coin et soldats israéliens. Mais cette semaine, quand un des soldats s’est retrouvé par inadvertance tout seul et du mauvais côté de la barrière, les villageois l’ont tout bonnement escorté jusqu’à ses supérieurs.

L’histoire commence par une opération de routine de Tsahal. Selon les médias israéliens, cinq jeeps entrent dans la localité de Budrus, située à une trentaine de kilomètres au nord de Ramallah. Le village est en zone B, c’est-à-dire que les affaires courantes sont sous administration palestinienne et la sécurité revient aux Israéliens. Une partie des militaires sort alors des véhicules, apparemment à la suite de jets de pierres, puis repart peu de temps après… en oubliant un des leurs sur place. Déboussolé, le jeune laissé-pour-compte se tourne vers deux Palestiniens d’un certain âge, qui le raccompagnent courtoisement au plus proche barrage militaire.

«Oublier un homme sur le terrain, c’est quelque chose de très grave,commente un spécialiste israélien des affaires de sécurité. Le commandant de chaque unité est tenu de compter et recompter régulièrement ses soldats. Sur le terrain, chacun doit répéter fréquemment son numéro.»L’armée israélienne a reconnu l’incident et indiqué que l’affaire faisait l’objet d’une enquête.

L’événement traduit l’atmosphère relativement apaisée qui règne actuellement en Cisjordanie. En 2000, aux premières semaines de la seconde intifada, un cas similaire s’était terminé en tragédie. Deux soldats israéliens réservistes qui s’étaient trompés de chemin et étaient entrés par inadvertance dans la ville de Ramallah avaient été lynchés par la foule. Les images d’un homme au large sourire montrant ses mains rouges de sang à la population en joie avaient profondément choqué les Israéliens. Cette fois, le cas du soldat oublié et ramené à son unité a fait la une du quotidien israélien Yédiot Aharonot, et quelques internautes ont choisi de le mettre sur leur page Facebook comme une «histoire qui amène la paix».