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Qu’attendons nous donc?

Les derniers évènements à Gaza me renvoient à la cruauté et à la souffrance d’une région, pour laquelle j’ai consacré beaucoup de mes efforts aussi bien professionnels que personnels et qui, malheureusement, n’arrive pas à mettre un point final à plus de 64 ans de conflits. Du côté palestinien, plus de neuf cents personnes ont déjà perdu la vie. Des morts et des milliers de blessés qui s’ajoutent aux destructions matérielles et qui instaurent la désespérance d’une population qui dort, si elle peut, abandonnée chaque nuit dans les bombardements et sans savoir si le lendemain un d’entre eux ou de leur entourage aura disparu. Du côté israélien, les sirènes de Tel-Aviv et d une grande partie d’Israël , qui n’avaient pas sonnées depuis la guerre d’Irak, contaminent de même la vie des familles plongées dans la crainte et l’incertitude.

Je n’ai pas ici l’intention de m’attarder sur l’origine et le pourquoi de cette nouvelle crise, même si personne ne peut nier à Israël son droit à une légitime défense, mais celle ci doit être proportionnée. Tout le monde a condamné le rapt et l’exécution des trois jeunes israéliens. Condamnation à laquelle je me suis personnellement allié. Et nous avons tous aussi condamné l’horrible assassinât du jeune palestinien, mort injustement par les mains de la vengeance de radicaux et de fanatiques juifs. Face à cette situation, c’est la honte étique et politique qui nous envahit en assistant impuissant à un déploiement de la violence qui semble ne pas s’arrêter et qui nous ramène aux épisodes plus dramatiques et tristes de la région. Cette situation démontre à nouveau l’absence de courage et de bravoure politique de la communauté internationale. Une communauté chaque jour plus « fatiguée » d’un conflit qui dure depuis presque cent ans et qui semble ne peut pas avoir de solutions possibles. A part le geste courageux et opportun du Pape François, les principaux acteurs internationaux semblent apparemment avoir « jeter l’éponge » et n’obtiennent pas une issue définitive. L’administration nord-américaine et le président Obama ont réagi et ont lancé la voix d’alarme dans la communauté internationale, tandis qu’ils essayent de chercher un accord similaire à celui de 2012, avec l’Egypte et le Qatar.

Face à cette situation, où se trouve l’Europe? Que font et disent les leaders européens? On a pu lire sur la une des journaux que l’Europe réclame timidement la contention des parties impliquées. Mais où sont les diplomaties européennes? Quelle catastrophe doit-il se produire pour que nous nous mobilisions? Je crois sincèrement que nous de devons pas attendre une minute de plus pour que la trajectoire d’un missile produise une tragédie encore plus grande qui nous sorte de notre léthargie.

Nous devons réfléchir et agir rapidement pour que Gaza ne soit pas condamnée à l’indignité de la mort et de la souffrance et que les familles juives ne le soient à la peur et à la violence. Il faut agir avec célérité et mobiliser de façon immédiate l’opinion publique internationale, apparemment endormie par le mondial de football ou les vacances estivales.

La solution passe aussi par le fait que l’Europe assume ses responsabilités et propose un plan de paix, qui selon mon opinion, doit inclure la double reconnaissance des Etats d’Israël et de la Palestine, aussi bien de la part de la communauté internationale que de celle de tous les états membres de l’Union Européenne. Il faut de même mener des négociations de paix pour que la solution de deux Etats, cohabitant en paix et en sécurité, soit une réalité. Il s’agit de mobiliser les principaux pays européens pour faire appliquer de façon immédiate l’initiative Arabe de Paix, même si au préalable il faudrait forcer un cessez le feu immédiat et reprendre les négociations, dirigées par les États-Unis, qui ont échouées en avril dernier. L’Europe doit envoyer un message clair à toutes les parties et fixer un calendrier jusqu’à la fin de l’année pour que ces propositions donnent des fruits. Si l’Europe n’agit pas ainsi elle doit se remettre en question et réviser totalement sa politique extérieure avec la région et proposer des mesures plus contondantes pour en finir avec la stagnation du conflit. Qu’attendons nous donc?

Miguel Ángel Moratinos

http://www.liberation.fr/monde/2014/07/27/gaza-qu-attendons-nous-donc_1071279