Automatic english translation :

Lettre à un ami palestinien.

Lorsque j’ai lu tes mots il y a quelques jours, mon cœur s’est serré.

La colère que tu évoques face à la situation de ton peuple est légitime. Mais ton silence devant la douleur du mien m’est insupportable.

J’ai relu ton texte plusieurs fois, cherchant entre les lignes un écho de compassion, une reconnaissance de la souffrance des israéliens au lendemain de l’attaque inhumaine du 7 octobre. Je suis resté sidéré. Pas un mot sur le massacre d’enfants, de familles, de jeunes, dont beaucoup se battaient pour la paix. Pas un mot sur la barbarie des actes commis par le Hamas, et sur les centaines d’innocents qui ont été touchés par cette tragédie.

Les bombardements israéliens sont dévastateurs et doivent cesser au plus vite. La réponse au massacre de 1400 innocents et à une prise en otage de civils à l’ampleur inédite doit être aussi ferme que juste. Les israéliens sont traumatisés, tu dois le comprendre. L’onde de choc qui traverse la société est brutale et inattendue. La violence des actes commis évoque les heures les plus sombres de notre histoire et le contrat moral qui unissait le peuple et l’Etat d’Israel depuis la Shoah s’est brisé sous nos yeux. Il est désormais vital pour l’armée d’aller récupérer ces 200 innocents et, tu le sais autant que moi, ils ne reculeront devant rien.

Ton silence résonne douloureusement dans mon coeur. Ne condamnais tu pas, il y a quelques semaines encore, les fanatiques du djihad et leurs pratiques contraire à toute forme de liberté ? Je comprends combien il est difficile de prendre partie dans cette crise, mais ce n’est pas ce que je te demande. Depuis des années, j’apprends à mes enfants à respecter chaque être humain, à reconnaître l’injustice où qu’elle se trouve. J’ai toujours plaidé pour la liberté, la dignité et la prospérité des Palestiniens. J’ai reçu de leurs mains un passeport qui m’a causé bien des tords, mais que j’ai brandi avec une fierté sans limites. J’ai dénoncé sans relâche la politique colonialiste meurtrière des extrémistes du gouvernement, en m’attirant souvent les foudres de mes compatriotes.  Je me suis battu pour faire reconnaitre les actes barbares du régime d’oppression et de domination  mis en place sur les palestiniens. Cela ne m’empêche pas, aujourd’hui, d’afficher toute ma solidarité et mon soutien au peuple israélien face à ce carnage. Il ne s’agit pas là d’une contradiction.

Nous nous sommes battus, ensemble, pour la paix au Proche Orient. Et pourtant, aujourd’hui, c’est un gouffre qui nous sépare. Je t’en supplie, mon ami, réfléchis profondément à ce que cela signifie pour notre amitié. Elle mérite une sincérité et une empathie mutuelles. Elle mérite que nous partagions une vision de paix où chaque douleur est reconnue, où chaque injustice est condamnée. Avec espoir et détermination.

J’ai toujours cru en notre amitié et dans sa capacité à transcender nos différences, à éclairer nos moments sombres. Ta dernière lettre a cependant jeté une ombre sur ce lien, que je ne peux ignorer. Ton silence m’est douloureusement parvenu comme un cri. Comment peux-tu ne pas mentionner les innocents perdus ? Mon cœur est lourd en pensant à Eyal Waldman qui, au delà d’offrir un emploi à des dizaines de gazouis, leur proposait également une rémunération égale à celle des israéliens. Sa fille et son gendre ont été massacrés et, face à la tragédie, il a fait le choix de la compassion en déclarant vouloir doubler le nombre de ses employés palestiniens. Où te situes-tu dans ce paysage de souffrance et d’espoir ? Notre amitié est-elle menacée par cette divergence d’émotions et de valeurs? J’ai appris à mes enfants à reconnaître l’injustice faite aux Palestiniens. Mon attachement à leur liberté est viscéral. Je continuerai à me battre pour leur dignité, leur indépendance et leur prospérité, car ton peuple mérite un futur lumineux. Mais aujourd’hui, ta réticence à voir la douleur de l’autre côté m’inquiète profondément.

Il est essentiel pour moi que nous partagions cette vision commune de la paix, où l’humanité l’emporte sur la barbarie, où ce qui nous lie est plus puissant que ce qui nous sépare. Il s’agit là d’une exigence morale. Je m’accroche à l’espoir d’une générosité et d’une solidarité renouvelées et je rêve du jour où, grâce à l’humilité et à la compréhension mutuelle, nous pourrons nous pardonner. Mais pour cela, il faut que tu reconnaisses aussi mes douleurs et mes craintes. Mon ami, je te l’implore, réfléchis à la profondeur de mes sentiments et à l’importance de notre amitié. Elle vaut la peine d’être sauvée. Elle a besoin de ton empathie, de ton courage.

Avec espoir,

Ofer